NOTA : Pêle-mêle, aucune chronologie entre ces rubriques.      

1.  LES  FAUSSES « PERMES » DE MAI 1968 :(où l'on faisait "la clôture" en guise de "mur"! )

    En mai 68 suite aux événements, tout le régiment fût consigné, en état d’alerte, le paquetage prêt pour une éventuelle intervention militaire si la situation devait s’aggraver. Les permissions furent toutes supprimées, plus aucune cérémonie où la musique sortait n’avait lieu.
Au début, nous nous pliions à cette mesure, mais après 15 jours, voyant que rien ne se passait, nous commencions à douter du bien fondé de cet ordre !
        Un vendredi soir, fin de la semaine d’activités, nous étions 7 ou 8 à chercher un moyen de sortir de la caserne. L’un de nous qui avait vu sortir une section en tenue de sport sans aucun contrôle au poste de garde,  avait une idée, c’est de mettre nos trainings, prendre un ballon pour faire croire que nous allions faire du sport dans la campagne avoisinante !
    Quelques-uns de nous avaient des voitures sur sur la bordure de la route à l’extérieur, assez loin de la caserne pour ne pas être vues par le service de garde.
    Le stratagème réussit, un premier sortait en courant avec le ballon façon handball, les suivants en footing, et 2 ou 3 derniers suivirent avec  chacun 2 ou 3 sacs de voyage contenant les habits civils de tous . Le garde regardait sortir cette équipe, médusé, incapable de dire un mot, il voyait sûrement qu’il s’agissait d’une espèce de feinte, mais il n'avait  pas le réflexe d’intervenir !
Nous nous rendions direct, aux voitures, et partîmes, certains direction Molsheim, et moi et 3 autres direction Obernai-Selestat. En cours de route, nous nous changions en civils puis direction le sud.
A la hauteur de Sélestat, je poursuivais ma route avec J-Claude Gillig, en auto-stop, les autres étant arrivés près de chez eux.
    Au retour en stop, dimanche soir, j’ai escaladé la clôture située au fond de la caserne, derrière le stade, en y jetant d’abord mon sac par-dessus. Ce que firent tous les autres rentrés sans encombres ce soir là.
 
    8 jours après cette première escapade, une partie du grillage pouvait être  repliée facilement, les attaches avaient été remplacées par des crochets rudimentaires, et c’est par là que par dizaines, partions rejoindre nos familles et nos fiancées.

    J'avais même pris le risque d’aller jouer à la "kilbe" de Steinbach avec l’orchestre "François Husser "avec lequel j’avais l’habitude de jouer avant mon service, soit 2 samedis soirs et 2 dimanche après-midiet dimanche soir, car je leur avais donné mon accord avant les évènements,  ils comptaient  donc sur moi. Le chef d’orchestre  me cherchait le vendredi soir et me reconduisait à Mutzig dans la  nuit delundi matin après la fête.
    A la caserne, pendant mes absences, un copain, J-C Vasquez, le secrétaire du Commandant de la CCAS, bâtiment voisin, allait me remplacer dans mon lit pour l’appel, ou bien mes collègues de chambre y confectionnaient un mannequin, fait du polochon et d'autres matériaux en faisant croire qu'il s'agissait d'un soldat endormi !


2. LES PUNAISES DE LA CASERNE CLERC :

    Pendant mes "classes",  à la caserne Clerc, je fus assailli par des punaises.  Je ne saurais peut-être jamais pourquoi nous n'étions que 3 où 4 à subir leurs agressions.  On  disait que ces sales bestioles élisaient leurs victimes à cause d'une certaine qualité se sang, d'autres disaient que tous ne sont pas allergiques à leurs morsures ?
    Je fus le plus touché et tellement agressé, que je devenais rouge, je commençais à enfler aux bras et aux jambes. Je n'arrivais plus à dormir et surtout à récupérer ! Pendant ces classes le programme était très physique, et j'avais du mal à suivre le rythme Les collègues me conseillaient de me porter consultant. Je me suis donc inscrit pour voir le Capitaine Médecin Auriol je crois?  Lorsque je me suis présenté à lui, il me dit que j'étais un "tire-au-flanc" et que ces petites  enflures n'étaient rien,  qu'il n'y avait pas de  punaises dans la caserne, mais  que je n'avais qu'une  petite allergie  ! ?  Il me donna 10 tours de consigne ( corvées de nettoyage après les heures d'instruction).
Heureusement que le responsable était un Aspirant  sympathique, le lieutenant Rein, il me renvoya dans ma chambre en disant qu'il ne pouvait pas punir un  musicien, et que mes collègues avaient plutôt besoin de moi pour animer les soirées, j'en fus donc exempté !
    Les punaises continuaient à m'attaquer, j'enflais maintenant aussi à la figure, mes joues pendaient, ça me brûlait comme des orties ! Certains soirs pour pouvoir dormir, j'allais au foyer descendre 4 ou 5 canettes de bière et assommé, je tombais dans mon lit ! Mais je n'étais pas mieux le lendemain !  J'ai acheté une lampe de poche, et la nuit dès que je sentais une bestiole sur moi, je l'attrapais et la mettais dans une boite d'allumettes, j'en ai rempli une avec 30 punaises dans une seule nuit.   Le lendemain je l'ai amenée à la semaine, ils furent étonnés et ils me firent changer de chambre.
La nuit suivante dans une chambre à l'opposé de mon ancienne, je sentais d'un coup des punaises marcher sur ma figure. Je criais et  demandais qu'on allume la lumière , il était près de minuit !
Là, c'était comme dans un film d'épouvante, nous voyions des punaises par dizaines formant une traînée noire comme  font les fourmis, elles sortaient de la gaine de chauffage, se dirigeaient droit vers mon lit !  Certaines grimpaient le long des pieds du lit, d'autres se laissaient tomber du plafond pour aboutir sur moi et sur aucun autre ! Ce soir là avec l'aide des collègues nous en avons mis plus de cent dans une grosse boite d'allumettes et à plusieurs , preuves en main nous sommes allé raconter le phénomène aux gradés du secrétariat appelé "semaine". Ils furent autant étonnés de nos dires, et nous promettaient qu'ils vont faire passer une équipe de désinfection.
    La journée suivante, nous devions rouler nos matelas et nos couvertures sur les lits ,et donner les draps au lavage. La désinfection était faite en notre absence. Le soir en rentrant, nous  refaisions nos lits avec des draps neufs, et ça sentait l'insecticide, mais c'était en juillet, nous ouvrions grand les fenêtres. Nous nous couchions, aucune trace d'insectes.
   Vers  23 heures, je sentis à nouveau quelque chose ramper sur ma joue, je courus à l'interrupteur, réveillais mes voisins, Horreur, les insectes étaient à nouveau là ! Il en sortaient même d'entre les  lames du parquet et des processions sur le mur direction mon lit ! Nous écrasions tout ce qu'on pouvait, par dizaines ! Le désinfectant ne les avait pas exterminées ! L'odeur fétide des punaises écrasées était  plus forte que celle de l'insecticide !
    Mes enflures et mes brûlures ne s'étaient pas apaisées pendant tout ce temps,de plus avec ce que j'ai vécu là mon moral aussi était atteint. Je me suis  à nouveau  porté consultant. Cette fois ci, le Capitaine m'a dit que là, c'était sérieux, et que j'allais avoir une piqûre  en intraveineuse d'un produit qui me soulagera.
    Je suis resté 10 jours à  l'infirmerie . Plus aucune trace de punaise, là ça sentait la "javel"  partout, et j'y pris plaisir à passer la serpillière partout sur le sol plastique rutilant sous les ordres de l'Adjudant-Chef dit "Sponge" un ancien harki qui faisait nettoyer du matin au soir ceux qui pouvaient marcher !
"Allez sponge, sponge ! " nous cria t'il toute la journée, mais ça nous faisait bien rire, je guéris vite !
    Une semaine plus tard, complètement remis, les "classes" terminées, j'étais heureux d'aller à la caserne voisine "Moussy". Enfin à la musique, et aussi une caserne sans punaises, ou presque, car à chaque venue de nouvelles recrues arrivant de "Clerc" j'avais la visite d'un ou deux insectes qui ont voyagé dans leur paquetage, mais ça ne durait que la première nuit, j'étais passé maître dans l'art de capturer et tuer ces bestioles ! 
    Petite note : J'étais élève gradé, et devais normalement rester deux  mois  de plus à la caserne Clerc, mais lors d'un entretien avec le Lieutenant Rein, j'ai tout fait et avec grand peine pour qu'il me laisse aller à la musique, sans grade, mais surtout sans punaises !!!


3. BAFOUILLAGE  : ( par Christian Monzel)

    Le Général Régional passe en revue notre caserne. Quelques uns d'entre nous devions nous présenter (soldat untel, musique regionnale à vos ordres mon général) il s'avance vers le soldat RENTZ.
Un peu  intimidé celui-ci dit :  "Soldat  Rentz , Musique Générale à vos ordres  mon Régional !"


4. LA MUSIQUE FAIT GREVE :

    Après  plusieurs semaines de consignation  en mai 68, lors des évènement provoqués par les étudiants à Paris et les grandes villes, nous nous décidions de réagir  pour enfin obtenir une permission, car les agitations  avaient pris fin.
    La consigne était d'arrêter de jouer chacun à son tour et de faire du "play back" lors d'une  cérémonie
à l'école militaire de Strasbourg.
     Nous étions entrain de jouer une marche, et  les musiciens s'arrêtèrent l'un après l'autre. Au bout de quelques mesures, on n'entendait plus que les tambours et la grosse-caisse, malgré l'agitation du Chef Furet qui nous dirigeait !
    L'Adjudant Lépine alla devant quelques-uns en approchant son oreille devant leur instrument, et le
musicien recommençait à jouer  puis s'arrêtait à nouveau pendant qu'il allait chez le suivant etc..
    Un haut gradé de l'école militaire vint aux nouvelles se demandant ce qui se passe  "ILS  FONT GREVE" dit  l'Adjudant Lépine  tout rouge en haussant les épaules !
    Au retour, nous étions à peine revenus dans nos chambres, que chacun recevait comme par  miracle une permission de 72  heures !

5. UN REVENANT ! :

Un soir, la porte de la chambre s'ouvre et un  civil y fait irruption avec un instrument de musique en bandoulière !
C'était Serge Fribolle qui avait été libéré un mois avant !
"Salut les gars, je dois aller rendre le baryton à mon ancien prof au conservatoire de Strasbourg, y a-t-il un lit de libre pour que je puisse y passer la nuit ?"
Tous ahuris et surtout amusés par la situation inédite, nous répondions "Oui, bien sûr, ton lit n'a pas été occupé depuis ton départ".
C'est ainsi que Serge passa sa nuit "d'hôtel" gratuitement, puis le lendemain est reparti comme il était venu !
Il avait passé  le poste de garde sans souci, ni à l'entrée ni à la sortie !